L’exposition se joue, avec humour et brutalité, de l’état de léthargie médicamentée, suggérée par le titre, qui attenue les contrastes et nuance les effets de réalité.
Dans la première salle, aux murs peints, l’artiste présente une série de nouveaux collages, de tableaux dans leur plus simple définition (un sujet se posant sur un fond), dans des boîtes en bois. « Ces fonds et ces sujets, je vais les chercher. Je me fabrique un rapport de proximité avec eux. J’aime être témoin de la présence de chacun de ces objets dans le réel. Je circule en voiture, je croise des scènes, des schémas. Je vois les sujets et je les vois déjà inclus sur le support. Cela tourne un peu à l’obsession. Il y a des sujets que je me dois d’avoir. Des sujets que je me dois de prendre. Des sujets que je me dois de travailler. J’ai un attrait pour la marge, la marginalité. Je trouve, parfois des situations tellement pathétiques et dépressives que j’essaie de conserver les preuves de cette pauvreté visuelle pour tenter plus tard de la transcender. Je me sers de ce qui échoue, de ce qui se donne à voir comme une information qui devrait être capable d’améliorer mon existence. Je me saisis de ces promesses non tenues : une affiche de spectacle d’humour, un mur en crépi, un logo d’un salon de coiffure, un cœur, un faux marbre… Ces sujets ne m’ont rien demandé. Je les capture. Je les mets sur papier adhésif, je fabrique leurs silhouettes ou je me sers de leurs textures, physiques ou mentales. Tout ça traîne dans l’atelier et je cherche ensuite à les assembler, à produire des collisions et des grincements. »
Par collage de découpes de bois, sont donc assemblés des fragments et des archétypes d’iconographies diverses. Mais les sources si elles proviennent du réel, comme autant de rebuts possibles de l’industrie publicitaire, renvoient aussi très nettement à des œuvres de référence de l’Histoire de l’Art. Valentin Carron dans ses compositions acides et tranchantes semble déployer une allégorie de l’ennui las, d’un artiste qui se devrait de constater la platitude morne laissée par la modernité dans notre quotidien. Il nous entraîne en balade dans une nuit sale et triste.
L’atmosphère du second espace en contrebas est toute différente. Une lumière zénithale et des murs blancs nous rassurent. Les œuvres disposées dans le white cube, nous paraissent même familières. Tout semble renvoyer très directement à l’histoire de la sculpture contemporaine. Nous pouvons nous croire en présence d’une ultime réinterprétation de Joseph Beuys ou d’une installation post-post-minimale. Mais, par un effet de perversion, les éléments composant cette installation, sont, en fait, une série de répliques de bassins de villages.